« Singulier accident arrivé à la poésie russe » (selon le spécialiste de Vélimir Khlebnikov Jean-Claude Lanne), le « zaoum » - poésie « d’outre-entendement » - apparaît au début du XXe siècle, sur le terrain dégagé par le symbolisme, parmi le mouvement futuriste dont il occupe la position la plus radicale. Proposant un dépassement du sens ordinaire du langage et de son rôle de communication, il va marquer durablement, jusqu’à nos jours, la poésie russe en poursuivant sourdement son chemin dans les pratiques underground et non-conformistes.
C’est à Tbilissi, entre 1917 et 1920, que le zaoum devient vraiment important. La ville entière se rêve zaoum, se réveille zaoum, fait du zaoum le miroir de ses désirs et la force qui va l’aider à affirmer sa liberté. A Tbilissi, le levier du zaoum s’appelle « 41° », le groupe formé par Ilia Zdanevitch, Alekseï Kroutchenykh et Igor Térentiev. Bientôt, au noyau initial du « 41° » s’agrègent plusieurs jeunes artistes géorgiens et tous vont tout simplement transformer la ville en quelque chose de plus grand, qui fait siennes les avancées psychanalytiques dont le zaoum se veut la poursuite en poésie.

Nous proposons une conférence ponctuée d’intervalles « d’anti-déclamation zaoumienne » extraits des œuvres des poètes zaoum pour présenter au public ce mouvement original qui a fait à cette époque de Tbilissi bien plus qu’une capitale artistique : le laboratoire d’une nouvelle sensibilité. Régis Gayraud, professeur de langue et littérature russes à l’Université Clermont Auvergne et traducteur, spécialiste du zaoum et d’Ilia Zdanevitch (Iliazd) auquel il a consacré de très nombreuses publications, donnera une conférence intitulée L'anti-déclamation zaoumienne dans le cadre de l'exposition L'avant-garde en Géorgie (1900-1936).